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Demis Hassabis et l’Avenir de l’IA : La Vision Développée d’un Monde Réinventé
Architecte en chef de l’intelligence artificielle chez Google DeepMind, Demis Hassabis n’est pas seulement un ingénieur ; il est un visionnaire dont les déclarations façonnent notre compréhension de la plus grande révolution technologique de notre temps. Au-delà des annonces de produits, ses prises de parole dessinent les contours d’un avenir radicalement différent, oscillant entre des promesses quasi utopiques et une conscience aiguë des risques existentiels. Pour comprendre où nous allons, il est essentiel de se plonger dans la vision détaillée de celui qui est au gouvernail.
De Prodige des Échecs à Maître du Jeu de l’IA
Pour saisir la portée des prédictions de Demis Hassabis, il faut comprendre son parcours. Ancien prodige des échecs, programmeur et concepteur de jeux vidéo de légende (comme Theme Park et Black & White), il a toujours été fasciné par la nature de l’intelligence. Son travail est le fruit d’une double inspiration : la puissance brute du calcul informatique et les mécanismes élégants du cerveau humain, qu’il a étudiés lors de son doctorat en neurosciences cognitives. Cette double perspective confère à ses propos une profondeur rare : il ne voit pas l’IA comme un simple outil, mais comme une voie pour « résoudre l’intelligence » et, par conséquent, « tout le reste ».
L’AGI : Au-delà de l’IA, la Prochaine Étape de l’Évolution
Au cœur de sa vision se trouve l’avènement de l’Intelligence Artificielle Générale (AGI). Contrairement aux IA « étroites » actuelles (comme les chatbots ou les générateurs d’images), qui excellent dans une tâche spécifique, l’AGI est une forme d’intelligence hypothétique dotée de la capacité de comprendre, d’apprendre et d’appliquer son intelligence à un large éventail de problèmes, à l’instar d’un être humain.
Pour Hassabis, nous ne sommes plus dans le domaine de la pure spéculation. Il estime que l’AGI pourrait voir le jour d’ici cinq à dix ans, potentiellement avant 2030. Cette accélération fulgurante s’explique par les progrès exponentiels observés, notamment avec les modèles de grande envergure comme Gemini de Google, qui fusionnent différentes modalités (texte, image, son) pour se rapprocher d’une compréhension plus holistique du monde.
Les Promesses d’un Futur Réinventé : Santé, Abondance et Étoiles
La réalisation de l’AGI déclencherait, selon Hassabis, une cascade de révolutions.
- La Fin des Maladies, une Utopie à Portée de Main ? Le succès de AlphaFold, son IA capable de prédire la structure 3D des protéines avec une précision stupéfiante, n’est qu’un avant-goût. Hassabis imagine des systèmes d’IA capables de modéliser l’ensemble du corps humain avec une fidélité parfaite. Une telle avancée permettrait de simuler des traitements, de concevoir des médicaments sur mesure pour chaque individu et de comprendre les mécanismes de maladies comme le cancer ou Alzheimer. Il évoque ainsi la possibilité de guérir la quasi-totalité des affections humaines en une ou deux décennies post-AGI.
- Vers une « Abondance Radicale » et la Fin de la Rareté Au-delà de la santé, l’AGI pourrait s’attaquer aux fondements de notre économie. En optimisant la logistique, en concevant de nouveaux matériaux, en gérant des réseaux énergétiques décentralisés ou en accélérant la recherche sur la fusion nucléaire, l’IA pourrait résoudre les contraintes de ressources qui définissent notre monde. Hassabis parle d’une ère « d’abondance radicale », où l’accès à l’énergie, à la nourriture et aux biens ne serait plus un problème. Cette prospérité pourrait, selon lui, transformer la géopolitique, en passant de conflits pour des ressources rares à une collaboration pour le progrès commun. Sa vision la plus lointaine ? L’IA comme outil indispensable pour permettre à l’humanité de devenir une espèce multiplanétaire et de « coloniser la galaxie ».
Face au Vertige de la Puissance : L’Appel Urgent à une Gouvernance Mondiale
Loin d’un optimisme aveugle, Demis Hassabis est l’un des plus ardents défenseurs d’une approche prudente. Il est pleinement conscient que la même puissance capable de guérir des maladies pourrait être utilisée pour créer des armes autonomes, des cyberattaques imparables ou des systèmes de manipulation de masse.
- Le « CERN de l’IA » : un Modèle pour un Développement Sûr Face à ce risque, il martèle que la société n’est « pas encore prête ». Sa proposition phare est la création d’un organisme international sur le modèle du CERN (l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire). Ce « CERN de l’IA » serait un lieu de recherche collaborative, transparent et financé par les États. Ses missions seraient de :
- Auditer les systèmes d’IA les plus puissants avant leur déploiement.
- Définir des protocoles de sécurité universels.
- Étudier les risques et les implications éthiques de manière indépendante.
- Prévenir une course à l’armement entre nations ou entreprises en garantissant que les avancées les plus critiques se fassent au grand jour.
Le Travail Réinventé : L’IA comme Partenaire Cognitif
Concernant l’emploi, Hassabis affine la vision binaire du « remplacement ». Il imagine l’IA évoluant pour devenir un « collaborateur » ou un « partenaire cognitif ». Plutôt que de remplacer les humains, elle les augmenterait. L’IA pourrait agir comme un « super-assistant » pour les scientifiques, un « sparring-partner » créatif pour les artistes ou un analyste infatigable pour les dirigeants. Si les tâches routinières et répétitives seront automatisées, les compétences humaines comme la pensée critique, l’intelligence émotionnelle, la stratégie et la créativité deviendront encore plus précieuses. Il exhorte donc les systèmes éducatifs à s’adapter pour cultiver ces « méta-compétences ».
Conclusion : Un Avenir à Écrire, entre Optimisme Technologique et Responsabilité Collective
La vision de Demis Hassabis est un puissant appel à l’action. Elle nous place devant un choix historique : subir cette révolution technologique ou la piloter consciemment. En détaillant à la fois les récompenses potentielles et les dangers mortels, il nous oblige à engager un débat public mondial sur la nature de l’intelligence que nous voulons créer et sur le type de société que nous souhaitons bâtir. L’avenir qu’il décrit n’est pas une fatalité, mais une proposition. Une proposition vertigineuse qui place une responsabilité sans précédent entre les mains de notre génération.